Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/374

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Prudhomme soit absolument qualifié pour cela, et nous ne pouvons admettre cette extension de son livre, que par suite de l’affirmation, souvent répétée par les Parnassiens, de leur admiration mutuelle et de leur accord sur des principes généraux, car M. Sully Prudhomme n’est pas, il s’en faut, le plus représentatif des Parnassiens.

Le livre de M. Sully Prudhomme n’a pas non plus l’importance que l’auteur a voulu lui déléguer par le titre choisi. Ce Testament poétique contient infiniment de petits morceaux extraits de préfaces, de toasts à des inaugurations, à des repas de corps. Fidèle au système de la mosaïque, M. Sully Prudhomme a rejoint, avec plus ou moins de soin, des aphorismes émis à diverses périodes de sa vie au bénéfice de lecteurs de tel volume de M.Dorchain ou de Mme Marguerite Comert, pour les membres de la Société des gens de lettres (si épris de poésie pure), pour les admirateurs décidés de Corneille, groupés en Société, etc… Mais il n’y en a pas moins, dans la première partie du volume, un résumé succinct et net du misonéisme de M.Sully Prudhomme et de ses opinions sur la technique poétique. La haine que porte M. Sully Prudhomme aux vers-libristes est célèbre : elle se manifesta un jour par des remerciements publics et commémoratifs qu’il adressa à Alfred de Vigny, le louant de n’avoir point été un décadent. Elle l’a mené, dans un de ces discours qui ornent le Testament poétique, à indiquer comme fondateur du vers-librisme Chateaubriand, « qui, lui, du moins, garde l’aspect de la prose, et ne va pas emprunter à la typographie des ressources poétiques ». Je cite cela en