Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/380

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sant intermède ; mais il faut attendre pour juger loyalement la portée du mouvement. Quant à l’œuvre originaire, les Trophées, il est simple d’y reconnaître ce qu’elle contient : des beautés, de la monotonie, un jeu exagéré des richesses verbales et décoratives, une négligence absolue de ce qui pourrait être d’intérêt fondamental ; c’est une œuvre de luxe et d’évocations résonnantes, courtes forcément et pas assez imprévues.

MM. Dierx, Catulle Mendès, Silvestre, forment un groupe homogène ; les différences sont d’individualité de tempérament.

Un poète tel que M. Léon Dierx, qui a poussé les plus beaux cris pessimistes et qui a trouvé le Soir d’octobre, honorerait toute école, et si son œuvre manque de volume et aussi de variété, le nombre des beaux fragments y est assez considérable pour compenser tout regret.

M. Catulle Mendès, c’est l’activité même, et c’est le parnassien-type. S’il y eut Parnasse, ce fut un peu par réaction de son esprit sur des esprits différents qu’il sut retenir un instant à l’écouter et surtout par sa fréquente affirmation qu’il y avait Parnasse. La formule du Parnasse, cette formule de recherche sur tous les terrains, d’excursions fantaisistes, héroïques, bouffonnes, variées surtout, c’est la formule de son esprit apparenté à celui de Banville. Il est kaléidoscopique. Il parcourt, toujours affairé, ardent, et vraiment à la chasse de l’idée, un parc aux mille sentiers ; c’est parce qu’il est si emballé vers ses réalisations, qu’il ne s’aperçoit pas qu’il les retrouve sur les mêmes chemins où il a déjà passé. Critique, il est plein de parti-pris.