Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/381

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d’injustice, d’erreurs (je ne parle pas de sa remarquable critique dramatique, mais de la critique littéraire qu’il y insère théatre-faisant) ; mais, quand il se trompe, c’est toujours sincèrement ou par fidélité à un idéal auquel il s’est attaché éperdument. Il est, en tout cas, la plus large ou la plus variée personnalité parnassienne, car s’il a des défauts de rhétorique et d’afféterie, il possède quelques-unes des belles qualités du romantisme, et parmi ses romans romantiques, héritiers de la dernière manière d’Hugo, additionnée de Chamfort et de Crebillon fils, assaisonnée de lyrisme légendaire, « l’eau du Gange en gouttelettes dans son vin de Champagne », quelques-uns compteront. C’est lui aussi qui a conté le plus de beaux contes épiques, chanté le plus de jolies chansons, et a publié le plus de rimes inutiles, qui a le plus fréquemment plié le vers à la chronique.

Armand Silvestre, improvisateur expéditif et averti, très maître d’un métier souple sans recherche, très indulgent à sa facilité, laisse, parmi tant de poèmes doués d’un excessif air de famille, les beaux vers de la Gloire du Souvenir et des Sonnets païens, comme pour montrer qu’il était supérieur à sa production ordinaire. Il a eu de francs accès de verve, qui lui marquent une belle place parmi les conteurs gaulois ; il a la verve, les procédés, l’abondance et le facile accueil aux bons mots de terroir et de corporation des meilleurs écrivains de ce genre.

À côté de ces poètes, le Parnasse a ses minores, dont plusieurs laissent ou laisseront au moins quelques pièces d’anthologie. Le type en est Glatigny, dont on