Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/401

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tique du temps, qui était impressionniste et s’amusait aux jeux d’ironie, saisit l’occasion pour s’amuser à faire un grand poète, d’où le Choulette de M. Anatole France et des articles de Jules Lemaître.

Verlaine n’a jamais traduit que des états de sensibilité ; cet art est le contraire d’un art nouveau. La jeunesse se tromperait en prenant un Verlaine pour guide ; il est la convulsion dernière du romantisme : on ne pourrait, d’ailleurs, rien lui reprocher si l’on admettait les théories du romantisme dont il est la sénile expression. De plus, Verlaine ne sait pas sa langue, il n’a jamais été qu’un très médiocre écrivain. Il y a chez lui de la fumisterie, de l’incohérence des idées, des mots, incontinence de verbiage. Sa prétendue primitivité n’est que de la sénilité. Son art est tout à fait stérile, maigre floraison sur un arbuste épuisé.

Voici la conclusion après l’argumentation : « Il est à craindre que Verlaine ne soit pas complètement oublié... Qu’il ait pu grouper des admirateurs, dont quelques-uns étaient de bonne foi, que sa poésie ait pu trouver un écho dans des âmes qui y reconnaissaient quelque chose d’elles-mêmes, c’est un exemple qu’on citera pour caractériser un moment de notre littérature, et montrer à quelle déliquescence les notions de morale et le sentiment artistique ont, à une certaine date et dans un certain groupe, failli se dissoudre, se perdre et sombrer. »

Je ne veux pas discuter cet article ; ce serait peine perdue : l’admiration des poètes, soit qu’elle admette l’œuvre en son ensemble, soit qu’elle choisisse, et