Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Retté ; il y eut beaucoup de symbolistes, et puis plus encore, et un instant tous les poètes furent symbolistes.

C’est alors que chacun tira de son côté, dégageant son originalité propre, complétant les données premières du premier groupe, dont les demeurants Moréas, Adam et moi, eurent à développer et à faire prévaloir chacun sa manière propre ; les divergences, qu’on ne s’était jamais tues, mais qui ne pouvaient éclater lors des premières luttes contre des adversaires communs, devenaient nécessairement plus visibles puisque nous avions des idéaux différents. Moréas, d’esprit classique, redevenait classique, Adam reprenait, après une course dans la politique, ses ambitions balzaciennes. Ma façon particulière de comprendre le symbolisme avait ses partisans ; bref, nous entrions dans l’histoire littéraire : les prémisses posées allaient donner leurs effets, des surgeons vivaces allaient se projeter, des originalités curieuses s’affirmer à côté de nous, Maurice Maeterlinck, Charles Von Lerberghe, Remy de Gourmont, etc. Ce serait dépasser le sujet de ces notes que de décrire tout le mouvement de 1889 et des années suivantes, encore que certains articles réunis dans ce volume présenteront là-dessus ce que, comme critique, j’en ai pu penser.

Un mot encore.

M. Henri de Régnier écrivait récemment dans un article que j’étais demeuré à peu près le seul symboliste, presque tous ceux qui furent du premier ou du second ban du symbolisme ayant varié, sur une foule de points, leur façon de voir. C’est leur affaire, et je n’y ai rien à voir qu’à constater, lorsque l’occasion s’en