Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/36

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empire, des révoltes toujours possibles immobiliseront encore une partie de ses forces. La Finlande, les provinces de la Baltique, la Pologne même subissent impatiemment le joug moscovite et si elles ne lui résistent pas ouvertement, c’est grâce aux formidables garnisons entretenues sur leur territoire par le gouvernement de Saint-Pétersbourg. Peut-être changeraient-elles d’attitude si l’étau se desserrait, et il est fort improbable qu’on tente l’aventure, quelle que soit la tournure prise par les événements eu Extrême-Orient.

Le Japon, au contraire, se trouve à l’abri de tout danger de cette nature ; aucune frontière territoriale ne l’affaiblit, aucune nouvelle complication extérieure ne le menace. À l’intérieur du pays, aucun soulèvement n’est possible, car tous les Japonais, depuis le Mikado lui-même jusqu’au plus misérable coolie, sont prêts à tout sacrifier pour triompher de l’ennemi commun. C’est une guerre nationale, que le peuple a voulue et qu’il soutiendra jusqu’au bout. La pénétration en Corée, qu’on envisage généralement comme une des causes de la lutte actuelle, n’en est en réalité que le prétexte. On l’a souvent représentée comme le résultat d’une politique prévoyante, désireuse d’assurer au pays surpeuplé un débouché immédiat. Rien cependant n’est moins exact, car l’empire n’est nullement acculé à une