Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/59

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Le Gouvernement a employé tous les moyens dont il disposait pour assurer à la Croix-Rouge des ressources et faire affluer les cotisations, tâche difficile s’il en fut, car le Japonais n’est pas riche et tient énormément au peu qu’il possède.

« Le haut patronage de Sa Majesté, dit M. Hirayama, a pour notre Société une signification toute particulière. L’empereur, d’essence divine, ne dispense jamais pareille faveur aux associations philanthropiques de toutes sortes, comme cela se passe dans les autres monarchies (ici mon hôte esquissa une légère moue de dédain) ; nous sommes seuls à en jouir. Aussi demandez à n’importe lequel des membres de la Croix-Rouge japonaise pourquoi il y a adhéré, la réponse sera invariablement la même : parce qu’il faut aimer les soldats que l’empereur et l’impératrice aiment si chèrement, ou encore : parce que nous avons une dette envers nos souverains et qu’il faut la payer en secourant nos soldats. »

En dehors de cette réclame qu’il fait ainsi à la Croix-Rouge, le Mikado lui a donné les moyens pratiques de s’assurer de nombreux adhérents en chargeant les représentants de l’autorité de les recruter dans chaque région. Les gouverneurs de province furent appelés à Tokio ; le marquis Ito prit la parole et leur expliqua quelle avait été l’intention de l’empereur et de l’impératrice en plaçant la Société sous