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DE L'ESPRIT D'ORDRE


un certain plan, de certaines lois, qu’ils puissent suivre exactement. C’est ainsi que, par exemple, on leur fixe un temps pour le sommeil, un pour le travail, un pour la récréation ; ce temps une fois fixé, on ne doit plus l’allonger ou l’abréger. Dans les choses indifférentes on peut laisser le choix aux enfants, pourvu qu’ils continuent toujours d’observer ce dont ils se sont une fois fait une loi. — Il ne faut pas essayer de donner à un enfant le caractère d’un citoyen, mais celui d’un enfant.

Les hommes qui ne se sont pas proposé certaines règles ne sauraient inspirer beaucoup de confiance[1] ; il arrive fréquemment qu’on ne peut se les expliquer, et l’on ne sait jamais au juste à quoi s’en tenir sur leur compte. On blâme souvent, il est vrai, les gens qui agissent toujours d’après des règles, par exemple l’homme qui a toujours une heure et un temps fixé pour chaque action ; mais souvent aussi ce blâme est injuste, et cette régularité est une disposition favorable au caractère, quoiqu’elle semble une gêne.

L’obéissance est avant toutes choses un trait essentiel du caractère d’un enfant, particulièrement d’un écolier. Elle est double : c’est d’abord une obéissance à la volonté absolue de celui qui dirige ; mais c’est aussi une obéissance à une volonté regardée comme raisonnable et bonne. L’obéissance peut venir de la contrainte, et elle est alors absolue, ou bien de la confiance, et elle est alors volontaire. Cette dernière est très-importante, mais la première aussi est extrêmement nécessaire ; car elle prépare l’enfant à l’accomplissement des lois qu’il devra exécuter plus tard comme citoyen, alors même qu’elles ne lui plairaient pas.

Les enfants doivent donc être soumis à une certaine loi

  1. Sind unzuverlässig.