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KANT. — PÉDAGOGIE.


de nécessité. Mais cette loi doit être une loi universelle, et il faut l’avoir toujours en vue dans les écoles. Le maître ne doit montrer aucune prédilection, aucune préférence pour un enfant entre plusieurs. Car autrement la loi cesserait d’être universelle. Dès que l’enfant voit que tous les autres ne sont pas soumis à la même règle que lui, il devient mutin.

On dit toujours qu’il faut tout présenter aux enfants de telle sorte qu’ils le fassent par inclination. Dans beaucoup de cas sans doute cela est bon, mais il y a beaucoup de choses qu’il faut leur prescrire comme des devoirs. Cela leur sera plus tard de la plus grande utilité pendant toute leur vie. Car dans les charges publiques, dans les travaux qu’exigent les fonctions que nous avons à remplir, et dans beaucoup d’autres cas le devoir seul peut nous conduire et non l’inclination. Quand on supposerait que l’enfant n’apercoit pas le devoir, toujours vaudrait-il mieux qu’on lui en donnât l’idée, et il voit bien d’ailleurs qu’il a des devoirs comme enfant, quoiqu’il voit plus difficilement qu’il en a comme homme. S’il pouvait aussi voir cela, ce qui n’est possible qu’avec les années, l’obéissance serait encore plus parfaite.

Toute transgression d’un ordre chez un enfant est un manque d’obéissance, qui entraîne une punition. Même lorque la transgression d’un ordre n’est qu’une simple négligence, la punition n’est pas inutile. Cette punition est ou physique ou morale.

La punition est morale lorsque l’on froisse notre penchant à être honorés et aimés, cet auxiliaire de la moralité, par exemple lorsqu’on humilie l’enfant, qu’on l’accueille avec une froideur glaciale. Il faut autant que