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KANT. — PÉDAGOGIE.


et l’idée de la dignité humaine est seule capable de retenir le jeune homme dans les bornes. Il faut l’avertir de bonne heure de se méfier de ceci ou de cela.

Nos écoles manquent presque entièrement d’une chose qui serait cependant fort utile pour former les enfants à la loyauté, je veux dire un catéchisme du droit. Il devrait contenir, sous une forme populaire, des cas concernant la conduite à tenir dans la vie ordinaire, et qui amèneraient toujours naturellement cette question : cela est-il juste ou non ? Si, par exemple, quelqu’un, qui doit payer aujourd’hui son créancier, se laisse toucher par la vue d’un malheureux et lui donne la somme dont il est redevable et qu’il devrait payer, cela est-il juste ou non ? Non, cela est injuste, car il faut être libre de toute dette pour pouvoir pratiquer la bienfaisance. En donnant de l’argent à un pauvre, je fais une chose méritoire ; mais en payant ma dette je ne fais que ce que je dois. On demanderait en outre si la nécessité peut justifier le mensonge. Non ! on ne saurait concevoir un seul cas où il peut être excusé, du moins devant les enfants, qui autrement prendraient la plus petite chose pour une nécessité et se permettraient souvent de mentir. S’il y avait un livre de ce genre, on pourrait y consacrer fort utilement une heure chaque jour, afin d’apprendre aux enfants à connaître et à prendre à cœur le droit des hommes, cette prunelle de Dieu sur la terre.

Quant à l’obligation d’être bienfaisant, ce n’est qu’une obligation imparfaite. Il faut moins amollir qu’éveiller le cœur des enfants pour le rendre sensible au sort d’autrui. Qu’il soit plein, non de sentiment, mais de l’idée du devoir. Beaucoup de personnes sont