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KANT. — PÉDAGOGIE.


ment de l’éducation domestique. Si les parents ou ceux qui leur viennent en aide dans l’éducation de leurs enfants avaient reçu eux-mêmes une bonne éducation, la dépense des instituts publics pourrait n’être plus nécessaire. C’est là qu’on doit faire des essais et former des sujets, et c’est de là que pourra sortir ensuite une bonne éducation domestique.

L’éducation privée est donnée ou par les parents eux-mêmes, ou, quand par hasard ceux-ci n’en ont pas le temps, la capacité ou le goût, par d’autres personnes, qui leur servent d’auxiliaires moyennant une rétribution. Mais cette éducation donnée ainsi par des auxiliaires présente ce très-grave inconvénient que l’autorité s’y trouve partagée entre les parents et les maîtres. L’enfant doit se conduire d’après les préceptes de ses maitres, et il faut aussi qu’il suive les caprices de ses parents. Dans une éducation de ce genre, il est nécessaire que les parents abandonnent toute leur autorité aux maîtres.

Mais jusqu’à quel point l’éducation privée est-elle préférable à l’éducation publique, ou la seconde à la première ! En général l’éducation publique semble plus avantageuse que l’éducation domestique non-seulement sous le rapport de l’habileté, mais aussi sous celui du vrai caractère d’un citoyen. L’éducation domestique, loin de corriger les défauts de famille, les augmente.

Combien de temps doit durer l’éducation ? Jusqu’à l’époque où la nature même a voulu que l’homme se conduisit lui-même, où se développe en lui l’instinct du sexe, où il peut lui-même devenir père et être chargé à son tour d’une éducation à faire, c’est-à-dire environ