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KANT. — PÉDAGOGIE.


fant ! Comme si un homme ne pouvait marche sans instruction. Les lisières sont surtout très-dangereuses. Un écrivain s’est plaint autrefois de l’étroitesse de sa poitrine qu’il attribuait uniquement aux lisières ; car, comme un enfant saisit tout et ramasse tout, il s’appuie de la poitrine sur ses lisières. Mais, comme elle n’est pas encore large, elle s’aplatit et conserve ensuite cette forme. Avec tous ces moyens les enfants n’apprennent pas à marcher aussi sûrement que s’ils l’apprenaient d’eux-mêmes. Le mieux est de les laisser se traîner par terre jusqu’à ce que peu à peu ils commencent à marcher par eux-mêmes. On peut prendre la précaution de garnir la chambre de couvertures de laine, afin qu’ils ne se déchirent pas ou ne tombent pas si durement.

On dit ordinairement que les enfants tombent très-lourdement. Mais, outre qu’ils peuvent bien parfois ne pas tomber lourdement, il n’est pas mal qu’ils tombent quelquefois. Ils n’en apprennent que mieux à garder l’équilibre et à s’appliquer à rendre leur chute moins dangereuse. On leur met ordinairement ce que l’on appelle des bourrelets, qui sont assez proéminents pour que l’enfant ne puisse jamais tomber sur son visage. Mais c’est une éducation négative que celle qui consiste à employer des instruments artificiels, là où l’enfant en a de naturels. Ici les instruments naturels sont les mains, que l’enfant place devant lui en tombant. Plus on emploie d’instruments artificiels, moins l’homme peut ensuite se passer d’instruments.

En général il serait mieux d’employer d’abord peu d’instruments, et de laisser davantage les enfants apprendre par eux-mêmes ; ils apprendraient alors beaucoup de choses plus solidement. Il serait possible, par