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LAISSER LES ENFANTS S'EXERCER SEULS.


exemple, que l’enfant apprit par lui-même à écrire. Car quelqu’un l’a bien trouvé une fois, et cette découverte n’est pas en effet si difficile. Il suffirait par exemple de dire à l’enfant qui veut du pain : Pourrais-tu bien le figurer ? Il dessinerait une figure ovale. On lui dirait alors qu’on ne sait pas s’il a voulu représenter du pain ou une pierre ; il essayerait ainsi de tracer le B, et de cette manière il se ferait à lui-même son propre A B C, qu’il pourrait ensuite échanger contre d’autres signes.

Il y a des enfants qui viennent au monde avec certaines imperfections. On n’a pas alors les moyens de corriger ces formes vicieuses. Il est prouvé par les recherches d’un grand nombre de savants écrivains que les corsets ne peuvent être ici d’aucun secours, mais qu’ils ne servent qu’à aggraver le mal, en empêchant la circulation du sang et des humeurs, ainsi que le développement si nécessaire des parties extérieures et intérieures du corps. Lorsque l’enfant reste libre, il exerce encore son corps, mais un individu qui porte un corset est, lorsqu’il le dépose, beaucoup plus faible que celui qui n’en a jamais porté. On ferait peut-être une chose utile à ceux qui ne sont pas nés droits, en plaçant un plus grand poids du côté où les muscles sont plus forts. Mais cela aussi est très-dangereux : car quel homme peut se flatter de rétablir l’équilibre ? Le mieux est que l’enfant s’exerce lui-même et prenne une position, quand même elle serait pénible, car toutes les machines ne font rien ici.

Tous ces appareils artificiels sont d’autant plus funestes qu’ils vont directement contre le but que se propose la nature dans les êtres organisés et raisonnables : elle demande qu’on leur laisse la liberté d’apprendre à