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DES JEUX.


ainsi à discerner si une chose est proche ou éloignée et de quel côté elle est.

Le jeu de colin-maillard des enfants était déjà connu chez les Grecs ; c’est ce qu’ils appelaient μυίνδα παίσειν. En général les jeux d’enfants sont très-universels. Ceux qui sont usités en Allemagne le sont aussi en Angleterre, en France, etc. Ils ont leur principe dans un certain penchant naturel des enfants, celui de colin-maillard, par exemple, dans le désir de savoir comment ils pourraient s’aider, s’ils étaient privés d’un de leurs sens. La toupie est un jeu particulier ; cependant ces sortes de jeux enfantins fournissent aux hommes la matière de réflexions ultérieures et sont quelquefois l’occasion de découvertes importantes. Ainsi Segner a écrit une dissertation sur la toupie, et la toupie a fourni à un capitaine de vaisseau anglais l’occasion d’inventer un miroir au moyen duquel on peut mesurer sur un vaisseau la hauteur des étoiles.

Les enfants aiment les instruments bruyants, par exemple les petites trompettes, les petits tambours, etc. Mais ces instruments ne valent rien, car ils les rendent importuns. Ce1a vaudrait mieux cependant, s’ils s’apprenaient eux-mêmes à tailler un roseau, ou ils pussent souffler.

La balançoire est encore un bon mouvement ; les adultes mêmes peuvent s’en servir pour leur santé ; seulement les enfants ont besoin ici d’être surveillés, parce que le mouvement peut être très-rapide. Le cerf-volant est également un jeu inoffensif. Il cultive l’habileté, car l’élévation du cerf-volant dépend d’une certaine position relativement au vent.

Dans l’intérêt de ces jeux l’enfant se refuse d’autres