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CULTURE LIBRE ET CULTURE SCOLAIRE.


l’avait longtemps importuné et qu’il laisse échapper par la fenêtre : « Va, méchant animal, le monde est assez grand pour moi et pour toi ! » Chacun pourrait prendre ces paroles pour devise. Nous ne devons pas nous être à charge les uns aux autres ; le monde est assez grand pour nous tous.

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(Sommaire. — Culture libre et culture scolaire, p. 79. — Du travail, p. 81. — De la hiérarchie des facultés dans l’éducation. p. 82. — Culture de la mémoire, p. 83-85. — Unir dans l’instruction le savoir et le pouvoir, p. 85. — De la grammaire, p. 86.)


Nous arrivons maintenant à la culture de l’âme, que d’une certaine manière on peut aussi appeler physique. Il faut bien distinguer la nature et la liberté. Donner des lois à la liberté est tout autre chose que de cultiver la nature. La nature du corps et celle de l’âme s’accordent en cela qu’en les cultivant on doit chercher à les empêcher de se gâter, et que l’art ajoute quelque chose encore à l’une comme à l’autre.

On peut donc dans un certain sens appeler physique la culture de l’âme, tout aussi bien que celle du corps.

Cette culture physique de l’âme se distingue de la culture morale, en ce qu’elle se rapporte à la nature, tandis que l’autre se rapporte à la liberté. Un homme peut être physiquement très-cultivé ; il peut avoir l’esprit très-orné, mais manquer de culture morale, et être un méchant homme.

Il faut distinguer la culture physique de la culture pratique, qui est pragmatique ou morale. Cette dernière a plutôt pour but de moraliser l’homme que le cultiver.

Nous diviserons la culture physique de l’esprit en