Page:Kant - Éléments métaphysiques de la doctrine du droit.djvu/311

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l’acceptant est mis en possession de la chose par le promettant, c’est-à-dire au moyen de la tradition. Avant cette tradition et la réception la prestation n’a donc pas encore eu lieu ; la chose n’a pas encore été transmise de l’un à l’autre, et par conséquent n’est point acquise par celui-ci. Par où l’on voit que le droit qui résulte d’un contrat est un droit purement personnel, et ne devient un droit réel que par la tradition.

xxLe contrat, qui est immédiatement suivi de la tradition (partum re initum), exclut tout intervalle de temps entre la conclusion et l’exécution, et n’a besoin ultérieurement d’aucun acte particulier, par lequel l’un transmette le sien à l’autre. Mais, lorsque entre ces deux choses un temps (déterminé ou indéterminé) est accordé pour la tradition, la question est de savoir si, avant la tradition, la chose est déjà devenue, par l’effet du contrat, la propriété de l’acceptant[1], et si le droit de celui-ci est un droit sur la chose, ou bien s’il faut encore pour cela un contrat particulier, qui concerne uniquement la tradition, et si par conséquent le droit qui résulte de la simple acceptation est un droit purement personnel et ne peut devenir un droit sur la chose que par la tradition. — C’est cette dernière solution de la question qui est la vraie, comme on va le voir par ce qui suit.
xxSi je conclus un pacte sur une chose, par exemple sur un cheval que je veux acquérir, et que je conduise aussitôt cet animal dans mon écurie ou que je le mette de quelque autre manière en ma possession physique, il est alors mien (vi pacti re initi), et mon droit est un droit sur la chose ; mais, si je le laisse entre les mains du vendeur, sans rien décider spécialement avec lui sur la question de savoir lequel des deux aura la possession physique (la détention) de la chose, jusqu’à ce que j’en aie pris moi-même possession (apprehensio), et par conséquent avant le changement de possesseur, alors ce cheval n’est pas encore mien, et le droit que
  1. Das Seine des Acceptanten.