Page:Kant - Anthropologie.djvu/213

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verselle (sapor), ait même reçu le nom de sagesse (sapientia), par la raison probablement qu’un but absolument nécessaire n’a besoin d’aucune réflexion, d’aucun essai, mais qu’il se présente immédîatement dans l’âme comme par un goût de l’utile.

§ LXVII.

Le sublime (sublime) est la grandeur imposante (magnitudo reverenda) par l’étendue ou par le degré, qui attire (pour y proportionner ses forces), mais qui repousse en même temps de crainte de disparaître dans la comparaison de soi-même avec lui (par exemple le tonnerre sur notre tête, ou une montagne élevée et déserte). Dans cette situation, et bien qu’on soit en sûreté, on ramasse ses forces pour embrasser le phénomène, et l’appréhension de ne pouvoir atteindre à sa hauteur produit l’admiration (qui est un sentiment agréable résultant d’un triomphe continuel sur la douleur).

Le sublime est bien le contrepoids, mais non pas la contrepartie du beau ; la tentative et l’effort faits pour se mettre en état de saisir (apprehendere) l’objet éveille dans le sujet le sentiment de sa force et de sa grandeur propres ; mais l’expression de la pensée du sublime dans la description ou l’exposition peut et doit toujours être belle ; autrement, en effet, l’admiration devient du découragement ; sentiment qui diffère (beaucoup de l’admiration, qui est un jugement critique où l’on ne se rassasie pas d’admirer.