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Î18 DE LA FACULTÉ APPÉTITÏVE.

§ LXXIV. Des émotions en particulier.

A DU GOUVERNEMENT DE L'AME PAR RAPPORT AUX ÉMOTION». Le principe de Y apathie, qui veut que le sage ne soit jamais ému, pas même de compassion pour les maux de son meilleur ami, est un principe de l'école stoïque tout à fait juste et d'une moralité sublime ; l'émotion, en effet, rend (plus ou moins) aveugle. — C'est cependant sagesse de la part de la nature d'avoir mis en nous une disposition à la sympathie, pour tenir provisoirement les rênes en attendant que la raison ail acquis la force nécessaire; c'est ajouter aux mobiles moraux pour le bien ceux d'un attrait pathologique (sensible), comme un supplément à ce qui pourrait manquer à la raison pour déterminer la volonté. Car, au demeurant, l'émotion, considérée en elle-même, est toujours imprudente; elle se rend incapable de poursuivre ses propres fins, et il n'est pas sage de la faire naître en soi de propos délibéré. — La raison peut néanmoins, dans la représentation du bien moral par la liaison de ses idées avec des intuitions (des exemples) qui leur sont soumises, produire une excitation de la volonté (dans un discours religieux ou même politique au peuple, ou dans une apostrophe adressée à soi· même), et par IL· échauffer l'âme. Elle agit alors, non oomme un effet* mais comme une cause d'une émotion pour le bien-