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DE ?? CRAINTE ET DU COURAGE. 223

Est courageux celui qui ne craint pas. A du cœur celui qui, par réflexion, ne recule pas devant le péril ; est intrépide celui dont le courage est ami du danger. Est téméraire l'homme irréfléchi qui s'expose au danger sans le connaître. Est hardi celui qui le brave tout en le connaissant ; d'une hardiesse insensée celui qui, dans l'impossibilité visible d'atteindre son but, s'expose au plus grand péril (comme Charles XII à Bender). Les Turcs appellent leurs braves (peut-être ceux qui le sont par l'effet de l'opium) des fous. La poltronnerie est donc une lâcheté déshonorante. La peur n'est pas une disposition habituelle à tomber facilement dans la crainte, car cette disposition est la timidité, mais c'est simplement un état et une disposition accidentelle, dépendant en grande partie de causes purement physiques, à ne pas se sentir assez préparé contre un danger subit. Le sang peut bien s'arrêter un instant dans la ventricule du cœur chez un capitaine qui est en robe de chambre lorsqu'il reçoit la nouvelle inattendue de l'approche de l'ennemi ; et le médecin d'un général avait remarqué que lorsque celui-ci avait des aigreurs dans l'estomac, il était peu courageux et timide. La bravoure n'est qu'une affaire de tempérament. Mais le courage repose sur des principes; c'est une vertu. La raison apporte alors à l'homme décidé une force que la nature lui refuse quelquefois. La frayeur dans le combat produit même des évacuations salutaires, qui ont donné naissance à une raillerie proverbiale (de ne pas avoir le cœur à droite); mais on prétend avoir remarqué