Page:Kant - Anthropologie.djvu/243

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saccadée (en quelque manière convulsive) de l’air (dont l’éternuement n’est qu’un petit, mais vivifiant effet, quand le bruit peut se faire entendre librement), fortifie le sentiment de la force vitale par le mouvement salutaire du diaphragme. Que ce soit donc un gros bouffon (arlequin) qui nous fasse rire, ou quelque bon compagnon d’une société joyeuse, qui, sans avoir l’air d’y toucher et sans prendre part à la gaieté des autres, mais avec une apparente simplicité, vienne à tromper subitement l’attente en arrêt (comme on lâche une corde tendue), alors le rire est toujours une pandiculation des muscles qui président à la digestion ; et cette fonction se trouve bien plus favorisée par laque par toute la sagesse du médecin. Une grosse bêtise d’un jugement qui s’égare peut — mais aux dépens du prétendu sage — produire le même effet[1].

Le pleurer, qui est une respiration entrecoupée de sanglots (convulsive), lorsqu’il est accompagné d’un torrent de larmes, est en quelque sorte, comme moyen de soulager la douleur, une précaution de la nature pour la santé ; et une veuve qui, comme on

  1. On peut donner une foule d’exemples de ce dernier cas. Je n’en rapporterai qu’un seul. Je le tiens de la bouche de feu madame la comtesse de K—g, qui était l’ornement de son sexe. Un jour que le comte Sagramoso, qui était alors grand-maître des chevaliers de Malte en Pologne (de l’ordre d’Ostrog), était venu lui rendre visite, survint par hasard un magister, natif de Kœnigsberg, mais qui était devenu conservateur et inspecteur des cabinets d’histoire naturelle de quelques riches marchands de Hombourg ; il était venu voir ses parents en Prusse. Le comte, par forme de con-