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CONSÉQUENCES PRATIQUES.

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formité dans le mariage ne tardera pas à le ramener à son premier genre de vie [1].

Qui doit avoir l'autorité suprême dans la maison ? Car un seul peut tout mettre d'accord, tout ramener à ses fins. — Je dirais volontiers, si je voulais être galant (et cependant pas sans quelque vérité), que la femme doit régner, et le mari gouverner ; car l'inclination règne et l'entendement gouverne. — La conduite du mari doit prouver que le bien de sa femme lui est à cœur par-dessus tout. Mais comme il doit très bien connaître sa situation et savoir jusqu'où il peut aller, pareil à un ministre attentif aux désirs de son maître, qui projette une fête ou la construction d'un palais, il se montrera d'abord tout disposé à exécuter ses ordres, mais il fera remarquer, par exemple, que pour le moment le trésor est épuisé, qu'il y a d'autres dépenses à faire encore plus impérieuses, etc. ; en sorte que le maître absolu peut faire tout ce qu'il veut, mais à cette condition cependant que cette volonté lui vienne de son ministre.

La femme devant être recherchée (car le refus nécessaire au sexe l'exige), elle devrait tâchera plaire généralement dans le mariage, afin que si Jeune encore, elle devenait veuve, elle eût des poursuivants. —Quant à l'homme, il dépose toutes prétentions en se mariant.

  1. La conséquence de cela, c'est comme dans le Voyage de Scarmentado de Voltaire : « Enfin, disait-il, je suis rentré dans l'île de Candie, ma patrie ; j'y ai pris femme ; je n'ai pas tardé à être cocu, et je trouve que c'est tout ce qu'il y a de plus commode dans la vie. »


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