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312 DES CARACTÈRES.

tes (1) (peuple celtique) semble avoir été une espèce d'hommes supérieurs (Tuechtiger). Mais les invasions de la race germanique et de la française (car la courte présence des Romains n'a pu laisser aucune trace remarquable) ont effacé l'originalité de ce peuple, comme le prouve sa langue mêlée. — Et comme la position insulaire de son sol, position qui le garantit passablement contre les attaques du dehors, le porte plutôt à devenir agresseur, elle en a fait un peuple de commerce maritime puissant, d'un caractère qu'il s'est fait à lui-même, quoi qu'il n'en ait proprement aucune par nature. Le caractère anglais ne pourrait donc représenter que ce principe appris par un enseignement précoce et par l'exemple, que l'Anglais doit se faire ce caractère, c'est-à-dire affecter d'en avoir un, puisque le sentiment opiniâtre de tenir à un principe adopté librement et de ne pas se départir d'une certaine règle (vaille que vaille), donne à un homme cette importance, qu'on sait de science certaine ce qu'où doit en attendre et ce qu'il a lui-même àattendredes autres. Ce caractère est plus opposé qu'aucun autre à celui du peuple français. C'est ce qui résulte du fait qu'il renonce à toute amabilité, comme qualité sociale par excellence de ce peuple avec tous les autres; qu'il dédaigne même cette qualité, et ne prétend qu'à l'estime. Chacun du reste prétend vivre à sa manière. — L'Anglais fonde pour ses compatriotes de grands établisse·

(1) Comme M. le prof. Brûsch récrit justement (d'après le mot britarmi, et non brittami).