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CARACTÈRE DE L'ESPÈCE. 325

tiné à vivre seul et ennemi du voisinage de son semblable; la dernière hypothèse est de beaucoup la plus vraisemblable. Un premier couple humain, d'une formation complète, par conséquent pourvu par la nature des moyens de se nourrir, mais qui n'aurait pas eu en même temps un instinct naturel que nous n'avons cependant pas dans notre état présent, se concilie difficilement avec la prévoyance de la nature pour la conservation de l'espèce. Le premier homme boirait au premier étang qu'il rencontrerait. Nager est déjà un art qu'il faut apprendre. Il mangerait des fruits capables de l'empoisonner et des racines vénéneuses; il serait ainsi en danger constant de périr. Mais si la nature avait enraciné cet instinct dans le premier couple humain, d'où vient qu'il ne l'a pas transmis à ses enfants, ce qui cependant ne se voit jamais aujourd'hui? Il est vrai que les oiseaux de chant enseignent à leurs petits certaines modulations qu'ils leur transmettent par tradition, en telle sorte qu'un oiseau isolé, qui a été pris encore aveugle dans son nid et élevé en cage, n'a pas de chant; lorsqu'il a pris^on accroissement, il ne rend qu'un certain bruit naturel d'organe. D'où vient donc le premier chant (1)? car il n'a pas été enseigné, >  ?  ? ? ? (1) On peut admettre avec le chevalier Linnèe, pour l'archéologie de la nature, que de la mer universelle, qui couvrait toute la terre, sortit d'abord une lie en forme de montagne sous l'équateur, sur laquelle se rencontraient tous les degrés de chaleur climatériqne, depuis le plus chaud, à la partie la plus basse du rivage, jusqu'au froid polaire, au sommet ; que là aussi étaient distribués, suivant les degrés de température qui leur conviennent, les plantes et les