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CARACTÈRE DE L'ESPÈCE. 335

nellement, ainsi qu'à la société au sein de laquelle la nature nous a placés, un caractère; ce qui déjà suppose en lui une disposition favorable de la nature et un penchant au. bien, parce que le mal (n'étant qu'une lutte intestine ou avec soi-même, et ne souffrant en soi aucun principe permanent) n'a pas, à proprement dire, de caractère. Le caractère d'un être vivant est ce qui permet de connaître à l'avance sa destinée. — Mais on peut accepter comme un principe pour les fins de la nature, qu'elle entend que chaque créature atteigne sa destinée par le développement régulier et en sa faveur de toutes ses facultés natives, de telle sorte que si chaque individu n'atteint pas le but qu'elle se propose, l'espèce du moins ne le manque pas. — C'est ce qui arrive en réalité chez les animaux privés de raison, et c'est sagesse de la nature; mais chez l'homme, l'espèce seule atteint ce but. Dans cette espèce, la seule raisonnable que nous connaissons sur la terre, il n'y a qu'une tendance de la nature vers cette fin, de faire sortir, un jour, du mal, par son activité propre, une série de biens. C'est là un avenir sur lequel, à moins que des révolutions subites de la nature ne s'y opposent, on peut compter avec une certitude morale (suffisante pourqu'il y ait devoir de contribuer à ce résultat). Car ca sont des hommes, c'est-à-dire des êtres d'un mauvais naturel, il est vrai, mais capables d'invention et doués en même temps et à cet effet d'une disposition morale, qui, grâce à l'accroissement de la culture, sont d'autant plus sensibles aux maux dont l'égoïsme