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336 DES CARACTÈRES.

les rend coupables les uns envers les autres; et comme ils n'y voient d'autre remède que de soumettre^<|uoi-que malgré eux, le sens privé (des particuliers) au sens commun (de tous réunis), à une discipline de la contrainte sociale, mais à laquelle ils ne se plient cependant que suivant des lois qu'ils se donnent, ils se sentent ennoblis par cette conscience de former ua£ espèce qui est conforme à la destinée humaine telle que la raison lui en représente l'idéal. ESQUISSE DE LA PEINTURE DU CARACTÈRE DE L'ESPÈCE HUMAINE. I. L'homme n'était pas destiné, comme l'animal domestique, à faire partie d'un troupeau, mais, comme les abeilles, il devait former une ruche. — Nécessité d'être membre de quelque société civile. La manière la plus simple, la moins artificielle d'en établir une, est celle d'une seule reine abeille dans cette ruche (la monarchie). — Mais un grand nombre de ces ruches voisines s'attaquent aussitôt comme des abeilles voleuses (la guerre), non pas à la manière des hommes, pour fortifier leur ruche en s'en adjoignant une autre, — car c'en est fait ainsi de l'égalité, — mais uniquement pour s'approprier par la ruse et la violence le fruit de l'industrie étrangère. Tout peuple cherche à se fortifier par la conquête; et, soit passion de l'agrandissement, ou crainte d'être absorbé par un autre s'il ne le prévient, la guerre intérieure ou l'extérieure, si grand que puisse être le mal, est dans