Page:Kant - Anthropologie.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

phénomènes vrais ou présumés, en partant de ces idées fondamentales, n’est d’aucun avantage pour ces idées ; car on peut facilement rendre raison de tout, quand on se permet d’imaginer à volonté des agents et des lois d’action. Nous devons donc attendre jusqu’à ce que, dans l’autre vie, de nouvelles expériences nous donnent de nouvelles notions sur des facultés dont notre être pensant serait doué, et qui nous sont encore cachées. C’est ainsi que les observations des temps modernes, depuis qu’elles ont été expliquées par les mathématiques, nous ont révélé la force d’attraction dans la matière, force dont la possibilité (parce qu’elle semble être une force fondamentale) ne pourra jamais être conçue d’une manière même très imparfaite. Ceux qui, sans avoir pris leur preuve des mains de l’expérience, avaient voulu imaginer une semblable propriété, avaient été justement traités d’insensés et livrés au ridicule. Or, comme les arguments rationnels n’ont pas la moindre importance dans ces sortes de cas, qu’il s’agisse soit d’inventer soit d’établir la possibilité ou l’impossibilité, on ne peut accorder qu’à l’expérience seule le droit de décider. Je laisse de même au temps, qui amène l’expérience, à se prononcer sur les vertus curatives si prônées de l’aimant pour les douleurs de dents, s’il peut fournir autant d’observations à l’appui de l’action des verges magnétiques sur la chair et les os que nous en avons déjà de son action sur le fer et l’acier. Mais quand certaines prétendues expériences ne peuvent être soumises à aucune loi de la sensation, reconnue de la plupart des hommes, et ne prouveraient par conséquent qu’un désordre dans le témoignage des sens (comme c’est en réalité le cas dans les récits d’apparition), il est prudent de n’y pas adhérer, parce que le défaut d’accord et d’uniformité ôte alors toute vertu probante à la connaissance historique, et la rend impropre à servir de fondement à une loi quelconque de l’expérience, sur laquelle l’entendement puisse juger.

De même que, d’une part, on apprend par une recherche un peu plus approfondie, que la connaissance évidente et philosophique