Page:Kant - Critique de la raison pratique (trad. Picavet).djvu/204

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(hinderndend) des penchants en humiliant la présomption, partant comme principe subjectif de l’activité, c’est-à-dire comme un mobile qui nous pousse à obéir à cette loi et comme un principe pour les maximes d’une conduite conforme à la loi. Du concept d’un mobile découle celui d’un intérêt, qui ne peut jamais être attribué à un être autre que celui qui est doué de raison et signifie un mobile de la volonté, en tant qu’il est représenté par la raison. Gomme c’est la loi elle-même qui, dans une volonté moralement bonne, doit être le mobile, l'intérêt moral est un intérêt, pur et indépendant des sens, qui vient de la simple (blossen) raison pratique1. Sur le concept d’un intérêt se fonde aussi celui d’une maxime. Une maxime est donc véritablement morale seulement lorsqu’elle repose sur le simple intérêt que l’on prend à l’observation de la loi. Mais ces trois concepts, celui d’un mobile, celui d’un intérêt et celui d’une maxime ne peuvent être appliqués qu’à des êtres finis. Car ils supposent tous ensemble une limitation de la nature d’un être, puisque la nature subjective de son libre arbitre (Willkühr) ne s’accorde pas d’elle-même avec la loi objective d’une raison pratique ; ils supposent un besoin d’être excités à l’activité, parce qu’un obstacle intérieur s’oppose à cette activité. Par conséquent, ces trois concepts ne peuvent être appliqués à la volonté divine.


Il y a ainsi quelque chose de particulier dans l’estime illimitée pour la loi morale pure, dépouillée de


1 Barni ne traduit pas le mot reines placé devant Interesse, et rend par pure le mot blossen. Nous avons, comme Abbot, traduit littéralement. (F. P.)