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ANALYSE DE LA CRITIQUE

pirique de l’entendement, mais qui, par cela même qu’ils reculent si loin le but dont il cherche à se rapprocher, portent au plus haut degré l’accord de cet usage avec lui-même au moyen de l’unité systématique. Que si, au contraire, on entend mal ces principes et qu’on les prenne pour des principes constitutifs de connaissances transcendantes, une apparence brillante mais trompeuse produit alors une persuasion et un savoir imaginaires, qui enfantent à leur tour des contradictions et des disputes éternelles. »

Il fallait découvrir la cause de cette apparence par laquelle le plus raisonnable même peut être trompé, et pour cela il fallait résoudre dans ses éléments toute notre connaissance transcendentale, en partant des intuitions, par laquelle commence toute connaissance humaine, pour passer de là, suivant la marche naturelle, aux concepts et finir par les idées. Le procès est maintenant instruit : les actes en ont été explicitement rédigés, ils sont déposés dans les archives de la raison humaine ; il est désormais facile d’éviter les erreurs qui ont si longtemps égaré l’esprit humain.

Méthodologie.

La partie de la Critique de la raison pure que nous avons analysée jusqu’ici forme ce que Kant appelle la théorie élémentaire transcendentale : elle a étudié les éléments purs de la connaissance en en recherchant successivement l’origine et la valeur ; ainsi ont été déterminés et évalués, suivant le langage de Kant (pag. 281), les matériaux de l’édifice de la raison pure. Il s’agit maintenant de tracer le plan de l’édifice qui doit être construit avec ces matériaux, ou, en termes plus philosophiques, de déterminer les conditions formelles d’un système complet de la raison pure. Cette seconde et dernière partie est ce que Kant désigne sous le nom de méthodologie transcendentale.

Discipline de la raison pure.

Le premier chapitre de cette méthodologie est consacré à la discipline de la raison pure.

La discipline est en général la contrainte qui réprime et finit par détruire le penchant qui nous pousse constamment à nous écarter de certaines règles. La discipline se distingue de la culture, qui a pour but de nous procurer ou de développer en nous certaines aptitudes ; elle ne nous fournit ainsi qu’un secours négatif tandis que la culture indique une instruction positive » Mais n’est-il pas étrange de vouloir soumettre à une discipline la raison, dont le propre est précisément de prescrire une dis-