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ANALYSE DE LA CRITIQUE


une catégorie indéterminée, indéfinie (ici, celle des êtres qui ne sont pas mortels).

3* Au point de vue de la relation, tous les rapports de la pensée dans les jugements se ramènent à ceux-ci : a. Rapport du prédicat au sujet, d’où les jugements catégoriques, qui n’ont besoin que de deux concepts (par exemple, l’âme n’est pas mortelle) ; b. Rapport du principe à la conséquence, d’où les jugements hypothétiques, qui impliquent deux propositions (par exemple, s’il y a une justice parfaite, tous les méchants seront punis) ; c. Rapport de la connaissance divisée à tous les membres de la division, d’où les jugements disjonctifs, qui impliquent plusieurs propositions s’excluant l’une l’autre, mais formant ensemble une certaine communauté de connaissance (par exemple, le monde existe, soit par l’effet d’un aveugle hasard, soit en vertu d’une nécessité intérieure, soit par une cause extérieure).

4* « Enfin, au point de vue de la modalité, qui concerne la valeur de la copule, c’est-à-dire de l’affirmation ou de la négation relativement à la pensée, lorsque l’affirmation ou la négation est admise comme purement possible, le jugement est problématique (par exemple, s’il y a une justice parfaite) ; lorsqu’elle est considérée comme réelle, il est assertorique (l’homme est mortel) ; lorsqu’elle est enfin admise comme nécessaire, il est apodictique (par exemple, les trois angles d’un triangle sont égaux à deux droits).

Voyons maintenant comment Kant tire de ce tableau des fonctions de nos jugements celui des concepts primitifs et fondamentaux de l’entendement.

Il n’y a pas de connaissance possible sans une synthèse qui réunisse les unes aux autres nos diverses représentations. Mais, pour que cette synthèse constitue une connaissance dans le sens propre du mot, il faut qu’elle ne soit pas aveugle, comme celle qui résulte simplement de l’imagination, mais qu’elle s’opère suivant des concepts qui en déterminent l’unité. Or telle est précisément la fonction générale du jugement : il consiste à ramener à l’unité nos diverses représentations en vertu des concepts dont l’entendement est la source. Si donc on veut déterminer les concepts purs de l’entendement, il n’y a qu’à considérer les diverses fonctions dans lesquelles se subdivise la fonction générale du jugement : autant il y avait de ces fonctions dans le tableau