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PRÉFACE DE LA SECONDE ÉDITION


et objectivement les sciences qu’il en faut chercher l’acquisition.

S’il y a de la raison dans ces sciences, il faut aussi qu’il y ait quelque connaissance à priori. Or cette connaissance peut se rapporter à son objet de deux manières : ou bien il s’agit simplement de le déterminer[ndt 1] lui et son concept (qui doit être donné ailleurs), ou bien il s’agit de le réaliser[ndt 2]. Dans le premier cas, on a la connaissance théorétique, dans le second, la connaissance pratique de la raison. Dans les deux cas la partie pure de la connaissance, si grande ou si petite qu’elle soit, je veux dire la partie où la raison détermine son objet tout à fait à priori, doit être d’abord traitée séparément et sans aucun mélange de ce qui vient d’autres sources. C’est en effet le propre d’une mauvaise économie domestique que de dépenser inconsidérément son revenu, sans pouvoir discerner ensuite, lorsqu’on se trouve dans l’embarras, quelle partie des recettes peut supporter la dépense, et sur quelle partie il faut la restreindre.

Les mathématiques et la physique sont les deux connaissances théorétiques de la raison qui déterminent à priori leur objet, la première d’une façon entièrement pure, la seconde du moins en partie, mais aussi dans la mesure que lui permettent d’autres sources de connaissance que la raison.

Les mathématiques, dès les temps les plus reculés où puisse remonter l’histoire de la raison humaine, ont suivi, chez cet admirable peuple grec, la route sûre de la science. Mais il ne faut pas croire qu’il ait été aussi facile aux mathématiques qu’à la logique, où la raison n’a af-

  1. Zu bestimmen.
  2. Wirklich zu machen.