Page:Kant - Critique de la raison pure, I.djvu/287

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tous les principes de détermination de mon existence qui peuvent être trouvés en moi, sont des représentations, et, à ce titre, ont besoin de quelque chose de permanent qui soit distinct de ces représentations, et par rapport à quoi leur changement, et par conséquent mon existence dans le temps où elles changent, puissent être déterminés[ndt 1]. La perception de ce permanent n’est donc

  1. À la correction à laquelle je viens de me conformer. Kant a joint, dans la note rappelée plus haut, les observations suivantes, qui trouvent ici leur vraie place :

    « On objectera sans doute contre cette preuve, que je n’ai immédiatement conscience que de ce qui est en moi, c’est-à-dire de ma représentation des choses extérieures, et que par conséquent il reste toujours incertain, s’il y a ou non hors de moi quelque chose qui y corresponde. Mais j’ai conscience par l’expérience intérieure de mon existence dans le temps (par conséquent aussi de la propriété qu’elle a d’y être déterminable), ce qui est plus que d’avoir simplement conscience de ma représentation, et ce qui pourtant est identique à la conscience empirique de mon existence, laquelle n’est déterminable que par rapport à quelque chose existant hors de moi et lié à mon existence. Cette conscience de mon existence dans le temps est donc identiquement liée à la conscience d’un rapport à quelque chose hors de moi, et par conséquent c’est l’expérience et non la fiction, le sens et non l’imagination, qui lie inséparablement l’extérieur à mon sens intérieur : car le sens extérieur est déjà par lui-même une relation de l’intuition à quelque chose de réel existant hors de moi, et dont la réalité, à la différence de la fiction, ne repose que sur ce qu’il est inséparablement lié à l’expérience intérieure elle-même, comme à la condition de sa possibilité, ce qui est ici le cas. Si à la conscience intellectuelle que j’ai de mon existence dans cette représentation : je suis, qui accompagne tous mes jugements et tous les actes de mon entendement, je pouvais joindre en même temps une détermination de mon existence par l’intuition intellectuelle, la conscience d’un rapport à quelque chose d’extérieur à moi ne ferait pas nécessairement partie de cette détermination. Or cette conscience intellectuelle précède sans doute, mais l’intuition intérieure, dans laquelle seule mon existence peut être déterminée, est sensible et liée à la condition du temps, et cette détermination, et par conséquent l’expérience intérieure elle-même, dépendent de quelque chose de permanent, qui n’est pas en moi, et par conséquent ne peut être que dans quelque chose hors de moi, avec quoi je dois me considérer comme étant en relation. La réalité du sens extérieur est ainsi nécessairement liée à celle du sens intérieur