Page:Kant - Critique de la raison pure, I.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
INTRODUCTION

Mais ce moyen d’explication ne saurait nullement s’appliquer aux jugements synthétiques à priori. Pour sortir du concept A et en reconnaître un autre B comme lui étant lié, sur quoi puis-je m’appuyer, et comment cette synthèse est-elle possible, puisque je n’ai pas ici l’avantage de pouvoir recourir au champ de l’expérience ? Qu’on prenne cette proposition : tout ce qui arrive a sa cause. Dans le concept de quelque chose qui arrive je conçois bien une existence qu’un temps a précédée, etc., et je puis tirer de là des jugements analytiques ; mais le concept d’une cause réside tout à fait en dehors de ce concept et exprime quelque chose qui est tout à fait différent de l’idée d’événement, et qui, par conséquent, n’y est pas contenu. Comment donc puis-je dire de ce qui arrive en général quelque chose qui en est tout à fait différent, et reconnaître que, bien que le concept de la cause n’y soit point contenu, il y est pourtant lié, et même nécessairement ? Quel est ici cette inconnue X où s’appuie l’entendement, lorsqu’il pense trouver en dehors du concept A un prédicat B qui est étranger à ce concept, mais qu’il croit devoir lui rattacher ? Ce ne peut être l’expérience, puisque le principe dont il s’agit ici, en joignant la seconde idée à la première, n’exprime pas seulement une plus grande généralité, mais qu’il revêt le caractère de la nécessité, et que, par conséquent, il est tout à fait à priori et se tire de simples concepts. Tout le but final de notre connaissance spéculative à priori

    figure, etc. ; mais ici j’entends ma connaissance, et, en retournant à l’expérience qui m’a déjà fourni ce concept de corps, j’y trouve la pesanteur toujours unie aux caractères précédents. C’est donc sur l’expérience de cette X, qui se trouve en dehors du concept A, que se fonde la possibilité de la synthèse du prédicat de la pesanteur B avec le concept A. »