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iv
AVANT-PROPOS


dements pour leur donner toute la profondeur et toute la largeur nécessaires, ont assuré les bases de l’édifice ; puis la Doctrine du droit et la Doctrine de la vertu, construites sur ces bases, ont formé les deux ailes du monument. Ou, pour employer une autre image familière, ce système est comme un arbre robuste et large, dont le premier ouvrage représente les racines, le deuxième le tronc, et les deux derniers les deux branches principales avec leurs nombreux rameaux. Cet arbre ou cet édifice, Kant le fait sortir tout entier de la raison, de ce qu’il nomme la raison pratique, et c’est par là qu’il prétend le rendre inébranlable. Il a voulu le placer au-dessus de la région des opinions religieuses ou même des théories métaphysiques, afin qu’il n’eût rien à craindre de leur choc et qu’il restât toujours debout. En d’autres termes, il a cherché à faire de la morale une science qui n’eût rien d’hypothétique et de contestable, rien d’accidentel et de variable, rien enfin que tous les hommes ne pussent trouver dans leur raison librement et sincèrement consultée, et il faut reconnaître qu’il y a en grande partie réussi.


J’ai joint à la traduction de la Doctrine de la vertu celle d’un traité de pédagogie, qui peut être considéré comme le complément de la morale de Kant, et qui a en outre l’avantage d’être rédigé dans le langage le plus simple et le plus clair. Ce traité n’est, il est vrai, qu’un recueil d’observations destinées à servir de notes à des leçons de pédagogie[1]

  1. Ces observations ou ces notes, qu’il avait écrites, suivant son habitude, sur de petits papiers séparés, Kant les remit, dans les dernières années de sa vie, à un de ses jeunes collègues, Théod. Rink, qui lui avait demandé la permission de les publier, et elles formèrent le traité de Pédagogie publié en 1803 par ce professeur. — MM. Rosenkranz et Schubert les ont reproduites dans leur édition (neuvième partie, p. 367-438) à la suite de la Métaphy-