Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/142

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§ LIIc.

Or une notion contradictoire de cette sorte est la base des deux premières antinomies, que j’appelle mathématiques, parce qu’elles s’occupent de l’addition ou de la division de l’homogène ; d’où j’explique comment il arrive que thèse et antithèse sont également fausses.

Quand je parle d’objets dans le temps et l’espace je ne parle pas de choses en soi, par la raison que je n’en sais rien ; je ne parle que des choses phénoménales, c’est-à-dire de l’expérience, comme d’une espèce particulière de connaissance des objets, la seule dont l’homme soit doué. Or je ne puis dire de ce que je conçois dans l’espace ou dans le temps, qu’il est en soi, qu’il est aussi sans cette pensée ou conception, dans l’espace et le temps, car il y aurait là contradiction, attendu que l’espace et le temps, avec les phénomènes qu’ils comprennent, ne sont rien d’existant en soi et en dehors de mes représentations. Il n’y a donc là que des espèces mêmes de représentations, et il est évidemment contradictoire de dire qu’un simple mode de représentation existe aussi en dehors de notre représentation. Les objets des sens n’existent donc que dans l’expérience ; leur accorder une existence propre, subsistant par elle-même, sans l’expérience ou avant elle, c’est donc s’imaginer qu’il y a aussi une expérience sans l’expérience ou avant elle.

Quand donc je me demande quelle est l’étendue du monde dans le temps et dans l’espace, il est également