Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/174

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plus que les simples objets de l’expérience possible, et de ces objets rien de plus encore que ce qui peut être connu dans l’expérience. » Mais cette limitation ne l’empêche pas de nous conduire jusqu’aux limites objectives de l’expérience, à savoir, le rapport à quelque chose qui ne doit pas être l’objet même de l’expérience, mais qui doit être cependant le principe suprême de toute expérience, sans toutefois rien nous apprendre de ce principe en soi, mais seulement par rapport à son propre et parfait usage en vue des fins suprêmes dans le champ de l’expérience possible. Telle est aussi toute l’utilité qu’on peut raisonnablement désirer, et dont il faut savoir se contenter.


§ LX.

Nous avons donc exposé longuement, quant à sa possibilité, la métaphysique telle qu’elle est donnée réellement dans les dispositions innées de la raison humaine, et même dans ce qui constitue le but essentiel de ses travaux. Cependant, comme nous avons trouvé que l’usage purement physique de ces dispositions de notre raison, si elle manque d’une discipline (qui n’est possible que par une critique scientifique) pour la retenir et la fixer dans ses limites, l’enlace dans des raisonnements dialectiques transcendants, qui, ou n’ont en leur faveur que l’apparence ou se contredisent même, et qu’en outre cette métaphysique subtile est inutile aux sciences physiques, ou leur est même préjudiciable ; il reste toujours une question digne de nos