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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


destinée à étouffer le cri importun d’une raison qui demande quelque chose de conforme à sa destinée, où elle trouve une satisfaction propre, et dont elle ne soit pas l’instrument pour d’autres desseins, ou au profit des inclinations. Une étude qui n’a pour objet que le domaine de la raison considérée en elle-même, où toutes les autres connaissances doivent aboutir comme à leurs fins et se réunir en un tout, une pareille étude a donc, comme je le présume avec raison, pour quiconque ne cherche qu’à étendre ses notions, un grand attrait, et je puis bien dire un attrait plus grand que celui qui s’attache à tout autre savoir théorique, que l’on ne changerait pas facilement pour celui-là.

Si je propose ces prolégomènes comme plan et comme fil conducteur de l’examen plutôt que l’ouvrage même, c’est parce que, tout en étant aujourd’hui encore pleinement satisfait de celui-ci, pour ce qui est du contenu, de la disposition des matières, de la méthode et de la forme relativement à chacune des propositions capitales (car il a fallu des années pour que je fusse tout à fait content non seulement du tout, mais quelquefois aussi d’une seule proposition par rapport à ses sources), j’ai pris à tâche de peser chaque proposition et de l’examiner avant de l’établir, et que je ne suis pas tout à fait content de mon exposition dans quelques sections de la théorie élémentaire, par exemple de la déduction des notions intellectuelles ou de celle des paralogismes de la raison pure, parce qu’une certaine diffusion y cause de l’obscurité, et qu’on peut y substituer dans l’examen pour le fond