Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/227

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taine somme à un jeu de hasard et qu’il gagne, celui qui veut le détourner du jeu peut bien lui dire qu’il aurait aussi bien pu mal réussir et perdre tout au­tant, mais seulement à la condition d’avoir, au lieu du billet gagnant, un billet perdant, et non pas en ayant du même coup, en même temps, un billet perdant et un billet gagnant. L’artiste qui d’un morceau de bois a fait un dieu pouvait aussi bien (au lieu de cela) en faire un banc ; mais il ne s’ensuit pas qu’il ait pu en faire en même temps les deux choses à la fois.

Quatrièmement, la proposition même, avec l’uni­versalité absolue de son énoncé, est évidemment fausse, si elle doit s’entendre des choses ; car rien, en conséquence, ne serait absolument inconditionné. Prétendre échapper à cet inconvénient en disant de l’être primitif, qu’il a sans doute une raison de son existence, mais qu’elle est en lui-même, est une con­tradiction, parce que le principe de l’existence d’une chose, comme principe réel, doit toujours être dis­tinct de cette chose, et celle-ci doit alors être néces­sairement conçu comme dépendant d’une autre. Je puis bien dire d’un principe qu’il a en lui-même la raison (logique) de sa vérité, parce que la notion du sujet est quelque autre chose que celle du prédicat, et peut renfermer la raison de celle-ci ; au contraire, si je consens à n’admettre de l’existence d’une chose au­cune autre raison que cette chose même, c’est que je veux dire par là qu’elle n’a plus de raison réelle.

M. Eberhard n’a donc rien fait de ce qu’il avait le