Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

là une représentation d’objets réels d’une autre espèce. Il en est de même avec l’expression de choses générales (au lieu de prédicats généraux des choses), dont nous parlerons plus tard, et par laquelle le lecteur croit devoir entendre un genre particulier d’êtres, ou de l’expression de jugements non identiques (au lieu de synthétiques). Il y a beaucop d’art dans le choix de ces expressions indéterminées, dans le dessein de faire prendre au lecteur des pauvretés pour des choses importantes.

Si donc M. Eberhard a bien expliqué la notion leibnizo-wolfienne de la sensibilité de l’intuition, en disant qu’elle ne consiste que dans la confusion du divers des représentations sensibles, tandis que ces représentations se rapportent néanmoins à des choses en soi, mais dont la claire connaissance repose sur l’entendement (qui connaît les parties simples dans cette intuition), la Critique n’a donc rien imputé faussement à cette philosophie, et il ne reste plus qu'a décider si elle a également raison de dire : le point de vue adopté par la même philosophie pour caractériser la sensibilité (comme une faculté particulière ou réceptivité) est faux[1]. Il confirme la justesse de l’interprétation de la notion de sensibilité, attribuée dans la

  1. M. Eberhard injurie et s’échauffe d’une manière plaisante (p. 298) à propos de la témérité d’un tel blâme (auquel il substitue par distraction une expression vicieuse). S’il arrivait à quelqu’un de blâmer Cicéron de n’avoir pas écrit en bon latin, quelque Scioppius (d’un zèle grammatical connu) le rappellerait vivement, mais avec justice, au devoir du respect, car c’est seulement de Cicéron (et de ses contemporains) que nous pouvons apprendre en quoi consiste le bon latin. Mais si quelqu’un croyait