Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/272

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universel de leur possibilité n’a pas été reconnu dans les conditions essentielles de notre intelligence.

On ne s’affranchit donc pas du reproche fondé de dogmatisme en faisant appel, comme il arrive ici (p. 262), à de prétendues preuves apodictiques de ses assertions métaphysiques ; car leur défaut de portée est si ordinaire, alors encore qu’aucun vice sensible ne s’y rencontre (ce qui n’est certainement pas le cas ci-dessus), et les preuves du contraire leur sont si souvent opposées avec non moins de clarté, que le sceptique, ne sût-il absolument qu’alléguer contre l’argument, a cependant bien le droit d’y opposer son non liquet. Seulement si la preuve roule sur des matières où une critique parvenue à maturité a fait voir auparavant d’une manière sûre la possibilité de la connaissance a priori et ses conditions universelles, le métaphysicien , qui est toujours aveugle dans toutes ses preuves, s’il manque de cette critique, peut se disculper de dogmatisme, et le canon de la critique pour cette espèce d’appréciation est contenu dans la solution générale du problème : Comment une connaissance synthétique a priori est-elle possible. Tant que ce problème n’a pas été résolu, tous les métaphysiciens ont encouru le reproche d’aveugle dogmatisme ou de scepticisme, si grande et si juste que puisse être d’ailleurs leur réputation pour des mérites d’une autre nature.

M. Eberhard n’est pas de cet avis. Il fait comme si une pareille invitation, justifiée par tant d’exemples dans la Dialectique transcendantale, n’avait jamais été faite aux dogmatiques, et admet comme décidée, long-