Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/278

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pouvoir ainsi le faire servir quelquefois de principe pour les jugements analytiques, sans toutefois que le lecteur s’en aperçût. La proposition : Tout corps est divisible, est-elle donc moins analytique parce que son prédicat ne peut être dérivé que de ce qui appartient immédiatement à la notion (de la partie essentielle), c’est-à-dire de l’étendue ? Si d’un prédicat qui, d’après le principe de contradiction, est immédiatement reconnu dans une notion, un autre prédicat est déduit tout en l’étant également de la notion d’après le principe de contradiction, le premier est-il donc moins dérivé suivant le principe de contradiction que le dernier ?

En attendant c’en est donc fait d’abord de l’espoir d’expliquer des propositions synthétiques a priori par des propositions qui ont pour prédicats des attributs de leur sujet, si l’on ne veut pas ajouter, en ce qui regarde ces prédicats, qu’ils sont synthétiques, et tomber ainsi dans une évidente tautologie. En second lieu on met des limites au principe de la raison suffisante, s’il doit servir de principe particulier, en ce sens qu’il ne puisse être employé comme tel dans la philosophie transcendantale qu’autant qu’il autorise une liaison synthétique des notions. Que l’on juge maintenant de l’exclamation de l’auteur lorsqu’il dit (p. 317) : « Déjà donc nous avons déduit la différence des jugements analytiques et des jugements synthétiques, et cela en indiquant d’une manière très précise leur ligne de démarcation (que les premiers ne se rapportent qu’aux essences, les seconds aux attributs) du principe de