Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/282

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sage où j’aurais dit cela ; mais la seconde partie de la principale question transcendantale, à savoir comment une physique pure est possible (Prolég., p. 71 jusqu’à 124), aurait dû infailliblement lui montrer que j’ai précisément dit le contraire, s’il n’eût pas mieux aimé voir tout l’opposé. Il me fait dire (p. 318) que « à l’exception des jugements mathématiques, les jugements empiriques sont seuls synthétiques, » quand cependant la Critique (p. 198-277) établit tout un système de principes métaphysiques et même synthétiques, et l’établit par preuves a priori. Mon assertion était que cependant ces principes ne sont que des principes de la possibilité de l’expérience. De ce « qu’ils ne sont que des jugements d’expérience, » par conséquent de ce que j’appelle un principe de l’expérience, il en fait une conséquence de l’expérience. Ainsi tout ce qui passe de la Critique entre ses mains est d’abord altéré et défiguré, pour le faire ensuite apparaître sous un faux jour.

Un autre artifice encore, pour n’avoir pas même de fixité dans son opposition, c’est qu’il présente ses antithèses dans des expressions très générales et aussi abstraitement qu’il le peut, et qu’il se garde bien de donner un exemple où l’on puisse sûrement s’assurer de ce qu’il veut dire. C’est ainsi qu’il divise (p. 318) les attributs, suivant qu’ils peuvent être connus a priori ou a posteriori, et qu’il dit qu’il lui semble que j’entends par mes jugements synthétiques « seulement les vérités qui ne sont pas absolument nécessaires, et que la dernière espèce de jugements des vérités absolument