Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/283

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nécessaires, est celle dont les prédicats nécessaires ne peuvent être connus de l’entendement humain qu’a posteriori. » Il me semble au contraire que par ces mots j’ai dû dire quelque autre chose que ce qu’il a dit réellement ; car à les prendre tels qu’il nous les présente, ils contiennent une flagrante contradiction. Des prédicats qui ne peuvent être connus qu’a posteriori et qui sont cependant reconnus nécessaires, des attributs de telle nature qu’ « on ne peut pas (p. 321) les tirer de l’essence du sujet, » sont, d’après la définition même que M. Eberhard a donnée précédemment de ces derniers, tout à fait inconcevables. Si donc il fallait attacher quelque sens à ces mots, et s’il fallait répondre à l’objection tirée par M. Eberhard de cette distinction pour le moins inintelligible, contre l’utilité de la définition des jugements synthétiques donnés par la Critique, il devrait alors donner au moins un exemple de cette singulière espèce d’attributs ; autrement il m’est impossible de répondre à une objection qui ne m’offre aucun sens. Il évite tant qu’il peut de prendre des exemples tirés de la métaphysique ; il s’attache aussi constamment que possible à ceux des mathématiques, en les appropriant de son mieux aux besoins de sa cause. Il veut en effet échapper à ce reproche, que jusqu’ici la métaphysique n’a pu démontrer en aucune manière ses propositions synthétiques a priori (parce qu’elle veut prouver par leurs notions qu’elles ont une valeur pour les choses en soi), et il choisit toujours, en conséquence, des exemples dans les mathématiques, dont les propositions sont