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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


en des notions qui se trouvent a priori dans l’entendement, et qui ont leur usage dans l’expérience. — C’est un système qu’on peut bien se dispenser d’élever péniblement, si l’on n’a en vue que les règles du légitime usage de ces notions et de ces principes dans l’intérêt d’une connaissance expérimentale, parce que l’expérience confirme ou rectifie toujours cet usage ; ce qui n’a pas lieu, si l’on se propose de passer du sensible au sursensible. Ce dessein ne peut s’accomplir qu’en approfondissant avec soin et détail la portée de l’entendement et de ses principes, afin de savoir d’où la raison peut hasarder sa marche, avec quelle baguette magique elle peut tenter le passage des objets de l’expérience à ceux qui ne le sont pas.

Le célèbre Wolf a donc rendu un service incontestable à l’ontologie, par la clarté et la précision de son analyse de cette faculté, mais il n’en a pas étendu la connaissance, parce que la matière était épuisée.

Mais la définition ci-dessus, qui indique seulement ce qu’on veut dire par le mot métaphysique, et non ce qu’il y a à faire en métaphysique, ne la distinguerait des autres sciences que comme une instruction pour la philosophie, dans le sens propre du mot, c’est-à-dire pour la théorie de la sagesse, et donnerait à l’usage pratique absolument nécessaire de la raison ses principes ; ce qui n’a qu’un rapport indirect à la métaphysique, par laquelle on entend une science scolastique et un système de certaines connaissances théoriques a priori, qu’on se donne immédiatement pour objet. La définition de la métaphysique d’après