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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


dans la propriété formelle du sens, comme capacité de l’intuition d’un objet, est la seule chose qui, étant a priori, c’est-à-dire précédant toute perception, rend possible une intuition a priori ; et alors se comprend très bien cette intuition et la possibilité des jugements synthétiques a priori par rapport à l’intuition.

On peut en effet savoir a priori comment et sous quelle forme les objets des sens seront perçus, à savoir comme le comporte la forme subjective de la sensibilité, c’est-à-dire de la capacité du sujet pour l’intuition de ces objets ; et l’on devrait, pour parler avec précision, ne pas dire que la forme de l’objet est représentée par nous dans l’intuition pure, mais que c’est simplement la condition formelle et subjective de la sensibilité, condition sous laquelle nous percevons a priori des objets donnés.

C’est donc la qualité propre de notre intuition (humaine) en tant que la représentation des objets ne nous est possible que comme à des êtres sensibles. Nous pourrions bien concevoir une espèce de représentation immédiate (directe) d’un objet, qui ne percevrait pas les objets d’après des conditions sensibles, mais par l’entendement. Nous n’en avons toutefois aucune notion fixe. Il est cependant nécessaire de la concevoir, cette notion, pour ne pas soumettre à notre forme intuitive tous les êtres capables de connaître. Il peut se faire en effet que des créatures puissent percevoir sous une autre forme les mêmes objets. Il est possible encore que cette forme soit précisément la même dans toutes les créatures, et cela nécessairement ; mais