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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


nent dans la représentation empirique aucune connaissance de l’objet, par conséquent aucune représentation valable pour chacun, et n’en peuvent donner aucun exemple, puisqu’elles ne contiennent pas, comme l’espace et le temps, des données pour les connaissances a priori, et ne peuvent pas même être regardées comme une connaissance des objets.

Il faut remarquer en outre qu’un phénomène, pris dans le sens transcendantal, quand on dit des choses qu’elles sont des phénomènes (phœnomena), est une notion qui signifie tout autre chose que quand je dis : Cette chose m’apparaît ainsi ou ainsi, ce qui doit indiquer le phénomène physique, et s’appeler une apparence ou semblance (Schein). Car dans le langage de l’expérience ce sont des objets des sens, parce que je ne puis les comparer qu’avec d’autres objets des sens. Par exemple, le ciel avec toutes ses étoiles, quoiqu’il ne soit qu’un phénomène, est conçu comme une chose en soi, et quand on dit, lorsqu’on en parle, qu’il a l’apparence d’une voûte, la semblance indique ici l’élément subjectif dans la représentation d’une chose qui peut faire qu’on le tient faussement pour objectif dans un jugement.

Et ainsi la proposition que, toutes les représentations des sens ne donnent à connaître que des objets comme phénomènes, n’est point du tout identique avec le jugement qu’elles ne contiennent que l’apparence des objets, comme le dirait l’idéaliste.

Dans la théorie de tous les objets des sens, comme simples phénomènes, rien n’est plus étonnant que de