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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


quelque chose, qu’il n’y a pas de réalité. De cette manière il tira de tout le mal appelé métaphysique, réuni au bien de cette espèce, un monde de lumière et d’ombres, sans songer que pour placer un espace dans les ténèbres, il faut qu’il y ait un corps, par conséquent quelque chose de réel qui empêche la lumière de pénétrer dans l’espace. Suivant lui la douleur ne serait que la privation du plaisir, le vice que l’absence de mobiles vertueux, et le repos d’un corps que le défaut de force motrice, parce que d’après les simples notions, une réalité = a ne peut être opposée à la non-réalité = b, mais seulement à la privation = 0, Il ne fait pas attention que dans l’intuition extérieure, par exemple a priori, c’est-à-dire dans l’espace, une opposition du réel (de la force motrice) contre un autre réel, à savoir une force motrice agissant en sens contraire, et de même par analogie dans l’intuition in< « terne, des mobiles réels opposés entre eux peuvent se rencontrer dans un même sujet, et que la conséquence de ce conflit des réalités, susceptible d’être connue a priori, peut être une négation. Mais il eût certainement dû admettre, en conséquence, des’directions respectivement contraires, qui ne sont représentables que dans l’intuition, non dans les simples notions ; et alors disparaissait le principe qui choque le bon sens, et même la morale, à savoir que tout mal, comme cause = 0, c’est-à-dire est un simple phénomène, ou, comme disent les métaphysiciens, le formel des choses. Comme il plaçait son principe de la raison suffisante dans une simple notion, il n’en tira pas le moindre