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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


monde est fini quant à l’espace, proposition qui dit plus qu’il ne faut pour qu’il y ait opposition logique, puisqu’elle ne dit pas simplement que l’inconditionné n’est pas trouvé dans le progrès de conditions en conditions, mais encore que cette.série des conditions subordonnées entre elles est cependant un tout absolu ; deux propositions qui peuvent être également fausses, — comme en logique deux jugements qui sont opposés entre eux par des affirmations incompatibles (contrarie opposita), — et le sont en réalité, parce qu’il est parlé de phénomènes comme de choses en soi.

Troisièmement. La thèse et l’antithèse peuvent aussi contenir moins que ne l’exige l’opposition logique, et être ainsi toutes deux vraies, — comme en logique deux jugements opposés entre eux par la simple différence des sujets (judicia subcontraria), ainsi qu’il arrive dans l’antinomie des principes dynamiques, quand le sujet des jugements opposés est pris ici et là dans deux sens différents. C’est ainsi, par exemple, que la notion de cause, comme causa phœnomenon, dans la proposition : Toute causalité des phénomènes dans le monde sensible est soumise au mécanisme de la nature, semble être en contradiction avec l’antithèse : Quelques causalités de ces phénomènes ne sont pas soumises à cette loi ; mais la contradiction ne se rencontre pas ici nécessairement ; car dans l’antithèse le sujet peut avoir un autre sens que dans la thèse, parce qu’il peut être conçu comme causa noumenon ; et alors les deux propositions peuvent être vraies, et le même sujet peut, comme chose en soi, être affranchi de la né-


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