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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


taphysique s’occupe du sursensible, elle n’est cependant pas transcendante (ueberschwaenglich) ; elle est, au contraire, aussi accessible au sens commun qu’aux philosophes ; à tel point que ceux-ci sont obligés de s’orienter sur celui-là, pour ne pas s’égarer dans le transcendant (Ueberschioaengliche). La philosophie a cet avantage, comme théorie de la sagesse, sur elle-même, comme science spéculative, de ne procéder que de la raison pratique pure, c’est-à-dire de la morale, en tant qu’elle part de la notion de liberté, comme d’un principe sursensible, il est vrai, mais pratique et connaissable a priori.

La vanité de toutes les tentatives de la métaphysique pour s’étendre théorico-dogmatiquement dans ce qui regarde sa fin suprême, le sursensible : premièrement, par rapport à la connaissance de la nature divine, comme souverain bien originaire ; secondement, par rapport à la connaissance de la nature dans le monde, où et par lequel le souverain bien dérivé doit être possible ; troisièmement, par rapport à la connaissance de la nature humaine, en tant qu’elle est naturellement appropriée à ce progrès d’accord avec la suprême fin : la vanité, dis-je, de toutes les tentatives de ce genre jusqu’à la fin de la période de Leibniz et de Wolf ; l’insuccès nécessaire de toutes les tentatives de ce genre qui pourraient être faites encore, doit prouver maintenant qu’il n’y a pas de salut pour la métaphysique par la méthode théorico-dogmatique ; qu’elle n’atteindra pas ainsi sa fin suprême, et que toute connaissance soi-disant transcendante