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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.

La métaphysique de Leibniz et de Wolf a prétendu sans doute nous démontrer là-dessus d’une manière ! théorico-dogmatique beaucoup de choses, c’est-à-dire non seulement la vie future. de l’âme,.mais jusqu’à l’impossibilité de la perdre par la mort de l’homme, c’est-à-dire encore son immortalité ; mais elle n’a convaincu personne. On voit plutôt a priori qu’une telle preuve est impossible, parce que l’expérience interne est ce par quoi seul nous pouvons nous connaître nous-mêmes, et que toute expérience ne peut être conçue que dans la vie, c’est-à-dire si lame et le corps sont encore unis. Nous ignorons donc absolument ce que nous pourrons être et faire après la mort ; nous ne pouvons point connaître la nature de l’âme séparée. Si donc on croyait pouvoir essayer de mettre par la pensée hors du corps l’âme qui l’anime encore, on ne ressemblerait pas mal à quelqu’un qui prétendait se voir dans une glace les yeux fermés, et qui répondit à un curieux qui lui demandait ce qu’il entendait faire parla : Je voulais seulement savoir comment je vois quand je dors.

Mais au point de vue moral, nous ayons une raison suffisante d’admettre la vie de l’homme après la mort (là-fin de la vie terrestre), même pour l’éternité, par conséquent l’immortalité de l’âme ; et cette doctrine est un pas vers le sursensible, c’est-à-dire vers ce qui n’est qu’une simple idée, et qui ne peut être un objet de l’expérience, mais une idée objective, quoiqu’elle n’ait de réalité valable qu’au point de vue pratique. L’aspiration, au souverain bien, comme fin dernière,