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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


trement elles font de la théologie une théosophie, de la téléologie morale une mystique, et de la psychologie une pneumatique, et qu’ainsi des choses dont nous pourrions cependant tirer quelque profit, au point de vue pratique, pour la connaissance, se perdent dans un indéfini (Ueberschwaengliche), où elles sont et restent complètement inaccessibles à notre raison.

La métaphysique n’est donc en cela même que l’idée d’une science comme système qui peut et doit être construit après l’exécution de la critique de la raison pure, dont on a maintenant les matériaux et le plan : c’est un tout qui, pareil à la logique pure, n’est susceptible d’aucun accroissement et n’en a pas besoin. C’est un lieu qui doit toujours être habité et tenu proprement, si des araignées et des sylvains, qui ne manquent jamais d’y chercher place, ne paryiennent pas à s’y nicher, et à le rendre inhabitable à la raison.

Cet édifice n’est pas non plus très spacieux ; mais on aurait besoin, pour l’élégance, qui consiste ici dans la précision, sans préjudice pour la clarté, de la’i’réunion des efforts et du jugement de différents artistes, pour lui donner une forme éternelle et immuable. Ainsi se trouverait pleinement résolu le problème de l’Académie royale, non seulement d’énumérer les progrès de la métaphysique, mais d’en mesurer encore le stade parcouru dans la nouvelle époque critique